De 1938 à 1940 Piet Mondrian, qui avait fui Paris en temps de guerre, a été établi à Londres près de ses amis Naum Gabo, Barbara Hepworth et Ben Nicholson. Pendant cette période, il a continué à travailler dans le mode néo-plastique hautement réductiviste qu'il avait développé en France, dans lequel les lignes noires horizontales et verticales s'intersectent sur la toile dans des relations asymétriquement équilibrées pour produire des quadrilatères plats blancs ou colorés. La palette est généralement limitée aux couleurs noires, blanches et primaires. Le présent travail fait partie des exemples plus colorés.En divorçant la forme complètement de son sens référentiel, Mondrian espérait fournir un équivalent visuel pour les vérités qui habitent la nature mais sont dissimulées dans ses manifestations aléatoires et erronées. Il sentait que s'il pouvait communiquer ces vérités au moyen d'un système d'oppositions résolues, une « véritable équation de l'universel et de l'individu », l'effet spirituel sur le spectateur serait un de repos total et d'harmonie animiste. Pour effectuer cette transmission, l’artiste doit sublimer sa personnalité afin qu’elle n’interfère pas avec la perception du spectateur de l’équilibre rythmique de la ligne, de la dimension et de la couleur. Ces éléments, cependant, sont organisés non selon les diktats impersonnels des mathématiques mais plutôt à l'intuition de l'artiste. De même, même si le geste de l’artiste est minimisé et la référence à l’expérience personnelle effacée, sa présence peut être détectée dans le trait de la brosse à peinture et l’inégalité du bord de la ligne transcendante. La conscience individuelle existe dans une relation dialectique avec «l’absolu», qui se réalise de façon picturale, dans les mots de Mondrian, «l’interaction mutuelle des éléments constructifs et leurs relations intrinsèques». Tout comme les formes et l'espace de la toile sont abstraits de la vie, de sorte que le plan spirituel est retiré de, quoique lié à, l'œuvre de l'art. Mondrian cherchait à unir l'art, la matière et l'esprit pour découvrir dans tous les aspects de l'expérience l'harmonie universelle possédée dans le néo-Plastisme.Lucy Flint1. Citée dans Theories of Modern Art, éd. H. B. Chipp, Berkeley et Los Angeles, 1968, p. 350.2. Ibid., p. 351.